Avril 2021
Biographie à 4 mains
Chaque mois, Aurélie Lachapelle, notre toute nouvelle journaliste, nous présente, une courte biographie de trois belles personnes âgées de Laval.
Auparavant, voici un bref portrait d'Aurélie.
Année et endroit de ta naissance: Alma, en juin 2004
Où as-tu vécu depuis ta naissance (les pays et les villes)?
2004-2005: Alma.
2005-2008: Edéa au Cameroun.
2009-2011: St-Jean-de-Maurienne, petite ville en Savoie, France.
2012-2015: West Island, Montréal.
2016-2021: Laval
Combien de langues parlées: Français et anglais (j’ai très bien appris l’anglais lorsque j’ai habité dans le West Island, un quartier anglophone)
Qu'est-ce que tu aimes dans le fait d'écrire? Écrire, c’est comme une archive du passé ; j’écris depuis longtemps et j’adore relire ce que j’écrivais avant. Je m’imagine déjà relire dans plusieurs années les textes que j’ai écrits pour La vie de l’autre. J’aime aussi écrire pour vous car ça me donne un sentiment d’avoir une voix, d’être écoutée, d’être entendue. Selon moi, les adolescents sont plus ou moins écoutés dans la société actuelle (au niveau politique, par exemple) et le fait d’écrire et qu’on lise ce que j’écris me donne le sentiment que quelqu’un m’écoute et que je suis entendue.
As-tu une idée de ce que tu feras comme métier? Quelque chose en rapport à la relation d’aide (psychologie, travail social, sexologie, etc.)
Ton plus beau souvenir de voyage: Je suis allée en France en novembre 2019 pour un voyage scolaire. J’étais hébergée chez une famille locale avec une fille de mon âge ; cela a été mon plus beau voyage à vie. Une fin de semaine, nous avons, en 2 jours, monté une pièce de théâtre. Nous avons reçu les textes le vendredi soir et nous avons présenté la pièce le dimanche après-midi. J’étais plutôt stressée mais, par-dessus tout, c’était tellement trippant!!!! Je me rappelle encore pratiquer mon texte dans ma chambre le samedi soir; j’étais plus excitée que stressée finalement.
Ton plus souvenir: La naissance de ma cousine. J'avais environ 9 ans. Seule la famille immédiate pouvait aller voir le bébé alors mon père m’a dit que je devais faire semblant que j’étais la sœur du bébé et mon frère devait se faire passer pour son frère. Le médecin a remarqué que ce n’était pas vrai mais nous a laissé passer quand même. Je me rappelle très bien de ce moment où j’ai vu pour la première fois ma cousine, ce tout petit bébé. Je trouve ça très cool de la voir grandir car je la connais depuis qu’elle est mini. Je ne l’ai pas vue depuis un petit moment, alors je m’ennuie d’elle.
Ton rêve: J’aimerais m’acheter une maison de campagne en Europe rural (France, Espagne, Italie ou Grèce) et faire pousser mes propres légumes. J’aimerais avoir des animaux (pas pour en faire un élevage car je suis végétarienne!!!!) mais des lapins, car c’est cute.
Mon but ultime: Être autosuffisante dans cette petite ferme. Je veux faire ce que Jean la Florette a fait dans le roman de Marcel Pagnol.
Je vous présente ce mois-ci trois personnes adorables avec qui j’ai parlé au téléphone.
Mme Pauline Montmagny
La seconde où Mme Montmagny m'a dit “oui allo”, j’ai su que j’allais avoir une conversation plaisante. Avec sa belle voix accueillante, elle m’a raconté sa vie. Tantôt rigolote, tantôt touchante, l’histoire de sa vie fut passionnante…
Née dans les années 40 à Ste-croix de Lotbinière, elle passe la grande majorité de son enfance sur une ferme, en campagne. Et comme dans la chanson Dégénération de Mes Aïeux, la mère de Pauline Montmagny a eu quatorze enfants! Elle me raconte, avec amour et délicatesse, que dans la plupart de ses souvenirs, il y a ses frères et sœurs, avec qui elle se sentait en sécurité au moindre petit souci. Rendue à l’âge adulte, elle alla s’établir à Montréal pour se marier, avoir des enfants et devenir enseignante.
À la retraite, malheureusement, le mari de Pauline Montmagny a reçu le diagnostic de la maladie d’Alzheimer. Cette situation a été très difficile pour Mme Montmagny. C’est à ce moment-là qu’elle a commencé à écrire, comme une sorte d’échappatoire. Je peux parfaitement comprendre le bien que ça a dû lui faire, de pouvoir s’évader de son quotidien à travers les histoires qu’elle écrit. C’est comme ça qu’elle a rédigé le livre Pauline raconte, où elle partage, à l’aide de plusieurs histoires, la vie mouvementée de ses parents. Chaque dimanche, elle envoie un chapitre de ce livre à des personnes qu’elle connaît: sa famille, ses amies, des groupes du Catal, etc. Elle répand ainsi, à sa façon, du bonheur; une denrée rare en ces temps de pandémie.
Pensez-vous que j’ai aimé parler avec Mme Montmagny? Eh bien, je vous garantis que oui. J’ai réalisé qu’on ne vivait pas les mêmes choses, mais qu’on réussissait à s’en sortir de la même façon. Et ça, j’ai trouvé ça très beau.
Ce mois-ci, Aurélie nous présente
M. Marcel Perreault
Quel est votre film préféré? Le mien est Billy Elliot. J’ai toujours admiré le monde de la danse et j’adore regarder des danseurs bouger au rythme de la musique. C’est donc avec beaucoup d’admiration que commence ma discussion avec Marcel Perreault, un danseur (jadis professionnel) de flamenco.
M. Perreault m’a raconté l’origine de sa passion pour la danse. Né paralysé, la seule façon pour lui d’apprendre à marcher s’est matérialisée à travers la danse classique. De fil en aiguille, il découvre ainsi le flamenco ; ce qui lui allume une flamme dans le coeur. Il a par la suite gagné sa vie pendant plusieurs années grâce à la danse. Après sa carrière de danseur, il décide d’ouvrir un salon de coiffure et une boutique de fleurs. Malgré son changement de carrière, rien n’éteindra jamais la fougue qui l’anime pour la danse ; d’ailleurs, encore aujourd’hui, chaque jour, il danse le flamenco chez lui. C’est son petit rituel quotidien qui le garde en forme, qui lui change les idées et qui le fait reconnecter avec lui-même. Je lui ai dit qu’un de ces jours, j’aimerais bien voir ce spectacle quotidien qui doit être impressionnant.
Grâce à mes discussions avec M. Perreault, j’en ai beaucoup appris sur le monde de la danse, ou plutôt sur le monde caché de la danse. C’est d’ailleurs ces sujets qu’il aborde dans le livre qu’il est actuellement en train d'écrire. Je ne savais pas que l’univers de la danse était aussi rude, dure, sévère. Malgré ce qu’il m'a dit des mauvais côtés de l’univers de la danse, je sais, parce qu'il me l'a aussi partagé que ; quand il est sur scène, que le projecteur lui éclaire le visage, qu’il entend le début de sa chanson commencer et qu’il voit sa famille au loin dans la salle, il se dit intérieurement : “Ça en vaut la peine.”
Depuis ma discussion très plaisante avec M. Perreault, j’ai un nouveau regard sur le monde de la danse. D’une certaine façon, Marcel Perreault est un peu comme Billy Elliot: il brise les stéréotypes genrés associés à certains styles de danse. Je n’ai jamais vu un spectacle de flamenco, alors j’ai bien hâte, un jour, d’aller en voir un ! Et qui sait, peut-être que M. Perreault pourrait me donner des cours? J’y songe !
Mme Louise April
Ma discussion téléphonique avec Louise April a été une de mes préférés. Quand je l’entendais raconter sa vie, je me disais intérieurement “Oh ! my god ! C’est ça que je veux faire de ma vie!” Écouter sa vie et continuer de comprendre qu’elle est enviable!
Mme April est née à Montréal et elle a grandi dans un milieu pauvre. Dès son jeune âge, elle prenait des cours de danse et de diction, sachant qu’elle deviendrait artiste plus tard. Elle m’a même partagé que dans les tests d'orientation qu’elle passait à l'école, elle répondait “fantaisiste” (elle voulait être comme Annie Cordy, et dans sa tête, ce métier s’appelait ainsi). Un jour, son père changea d’emploi pour un autre moins payant, alors Louise a dû, malheureusement, renoncer à ses cours d'art.
À 17 ans, Mme April rêve d’aller étudier au Conservatoire de Montréal, en art dramatique. Ses parents ne peuvent pas l’aider financièrement. Elle décide donc d’aller habiter chez son frère pendant un an et de travailler pour se faire de l’argent. Elle réussit à entrer au Conservatoire après sa première audition.
Après le Conservatoire, Louise April est allée travailler dans une troupe de théâtre qui s’appelait Les pissenlits. Ils jouaient pour les enfants dans les communautés francophones canadiennes hors Québec. Elle a joué dans des émissions de télé, plusieurs publicités, et d’innombrables autres projets. Son métier de comédienne ne la supportait pas entièrement financièrement, donc elle travaillait aussi comme serveuse chez St-Hubert. Avec le temps, elle fait de moins en moins d’auditions et elle se trouve un emploi dans une bibliothèque à Laval. Elle y resta finalement 22 ans, mais rien n’éteindra jamais sa passion pour le jeu, car durant ces 22 années, Mme April faisait aussi partie d’une troupe de théâtre amateur. Aujourd’hui, elle est à la retraite et joue encore de temps en temps.
J’ai tellement de respect pour Mme April et son courage. J’envie les gens qui n’ont pas peur de se lancer dans une carrière risquée. Elle m’a tellement inspirée que je vais sortir de ma bibliothèque quelques pièces de théâtres qui ont pris la poussière,. Je vous reviens bientôt avec ma critique de À toi pour toujours ta Marie-Lou et Incendies.