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Juin 2020 

Biographie à 4 mains

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Je m’appelle CLAUDE AUBÉ et …

J’ai aidé à construire une île inventée

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Une île inventée

Le maire Jean Drapeau voulait absolument construire une île sur laquelle il y aurait l’exposition universelle de 1967 à Montréal où tous les pays du monde viendraient, pour un été, rencontrer les Québécois. 

 

Je m’appelle Claude Aubé et j’ai aidé à construire cette île à partir de 1963.

Mais avant de donner un peu de détails, revenons en arrière et examinons ensemble la passion pour les camions et les bulldozers qui m’habite depuis si longtemps. Je suis né en 1938 à Notre-Dame-du-Rosaire, un village de 400 ou 500 habitants situé tout près de Montmagny sur la rive-sud du St-Laurent à l’est de la ville de Québec. J’habitais sur une petite fermette qui produisait juste assez pour nos besoins en légumes et en viande car mon père était avant tout opérateur de bulldozer. À l’âge de 6 ou 7 ans déjà je travaillais avec mon père sur son bulldozer pour égaliser les terrains des voisins cultivateurs en enlevant les roches.  Lors de mes vacances, l’été et les samedis, je me levais avec mon père et il me montrait comment ça fonctionnait et j’adorais ça. Les bulldozers dans ce temps-là étaient beaucoup plus petits que ceux d’aujourd’hui ; il m’assoyait sur ses genoux et il me montrait comment utiliser les manettes et pousser des roches jusqu’aux digues ou égaliser les terrains en poussant la terre sur les bouts des terrains.

 

Je suis allé à l’école de rang jusqu’à l’âge de 12, 13 ans puis, très jeune ensuite, avant de devenir le co-constructeur d’une île, j’ai pris de l’expérience et je suis devenu, comme mon père, et à mon grand bonheur, opérateur de bulldozer. Je dis souvent ce mot mais, que voulez-vous, j’aime les… vous savez quoi!!! C’était mon rêve de faire comme lui et j’ai réalisé mon rêve.

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Sur cette photo, on voit Claude, calme et concentré, 

effectuer des travaux à l’aide de son partenaire mécanique.

J’ai travaillé à Montréal un peu, puis j’ai aidé à construire le barrage Betsiamites, à 17 ans, en 1955 dans le nord du Québec près de Baie-Comeau. J’y ai travaillé plusieurs années et j’y vivais dans un camp d’Hydro-Québec.  Je travaillais 10 heures par jour et je pouvais remplir près de 200 camions dix roues de la terre et des roches que l’on sortait avec mon bulldozer. Ensuite, j’ai travaillé à la construction du barrage de Mactaquac au Nouveau-Brunswick. 

J’ai travaillé pour la compagnie Désourdy puis pour Beaver avec qui j’ai géré des équipes et où j’ai travaillé à la construction de l’autoroute Décarie à Montréal puis d’une bonne partie de l’autoroute 10 près de Bromont. J’ai tranquillement développé une expertise pour réparer l’hydraulique des bulldozers et cela m’a amené à voyager beaucoup aux États-Unis où j’allais réparer les bris sur divers chantiers. 

 

Mais un très beau souvenir demeure : au commencement, je travaillais à creuser avec des dizaines d’autres travailleurs, le tunnel Louis-Hyppolyte-Lafontaine qui passe sous le fleuve St-Laurent.  On creusait tout d’abord à ciel ouvert à partir de Boucherville, en tassant la terre et en y rajoutant des pierres que l’on ramenait d’une grande carrière environnante et qu’on empilait de chaque côté pour créer un petit barrage temporaire dans le fleuve; ce qui nous permettait de continuer à creuser jusqu’en dessous du niveau de l’eau.  Des équipes installaient des caissons qui permettaient de construire au fur et à mesure le tunnel qui passe sous le fleuve et qui permet de relier, en passant sous l’eau, Boucherville à Montréal. Il n’y a pas eu d’accident sur ces chantiers mais pour ne prendre aucune chance, je portais une veste de sécurité dans mon camion et j’avais installé un baril de flottaison sur le dessus de mon compagnon en métal quand je creusais en dessous du niveau de l’eau au cas où il y aurait une fissure qui se formerait dans les barrages de pierres.

 

En tant qu’opérateur de bulldozer, j’ai creusé la première section dans des endroits qu’on appelait les sables mouvants avec une pelle mécanique qu’on appelait le Skooper, fabriquée par la compagnie Koering. J’ai creusé ainsi 15 à 16 heures par jour, 7 jours sur sept, avec d’autres équipiers, durant plus de trois ans et tout le matériel, toute la terre que l’on enlevait chaque jour sous l’eau, on allait la déverser plus loin, près du pont Jacques-Cartier dans des marécages et des petites terres inondées pour tranquillement former une île. C’est sur cette île inventée que l’expo 67, là où on retrouve La Ronde aujourd’hui, a été construite. Quelle belle aventure!

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Voici Claude portant fièrement  un médaillon représentant  son bulldozer.

 

Pour terminer l’entrevue, la rédaction de la revue LA VIE DE L’AUTRE a demandé à Claude :

 

Question : Si tu avais à choisir la meilleure machine sur laquelle tu as travaillé et même on oserait te demander quelle est la meilleure machine, toute considération, quelle serait-elle? 

Réponse  de Claude Aubé :  C’est la machine qui m’a aidé à gagner ma vie; la Koering Skooper 505.

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M. Claude Aubé, avant de prendre sa retraite, était un travailleur manuel en mécanique, qui travaillait avec de grosses machines dans certaines villes au Canada comme à Montréal, à Québec et dans les villes de la province. Aussi, il est beaucoup allé à Laval, dans certains restaurants là-bas et etc... 

Maria Christy Remarais, élève de la classe de Caroline Gagnon de l’école Les Quatre-Vents, a aussi appelé Claude et tient à nous le présenter à sa façon.
 

Durant la période présente, confiné chez lui, ses activités sont de jouer avec son IPad à des jeux de carte et de prendre de petites marches autour de sa cour. Il est en bonne santé, connait bien M. Tardif (rédacteur en chef de La vie de l’autre) et communique souvent avec lui et sa famille par téléphone. 

 

M. Claude va très bien et n'a pas de problème avec le virus, et il s’occupe beaucoup en travaillant dans son potager. 

 

 

Merci Claude et bravo d’avoir réalisé le rêve de tant de gens : tu as construit une île! Bravo!

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Je m’appelle Lise Tessier et voici

une petite histoire amusante

La première fois que j'ai fait de la bicyclette

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Bonjour je m’appelle Lise Tessier, je suis née le 12 octobre 1937 à Ville-Marie dans le Témiscamingue, une région qui se situe tout près de l’Ontario entre Rouyn en Abitibi et North-Bay sur le bord du lac Témiscaminque, du côté Ontarien.

 

J’ai habité là jusqu’à l’âge de 10 ans et j’en garde de précieux souvenirs car j’ai adoré ces premières années de ma vie. Même si j’ai 82 ans, parfois j’ai l’impression que tout cela se passait hier et quand j’y repense je ne peux m’empêcher de sourire.

 

Pour moi Ville-Marie c’est le plus beau village du Québec. Deux ou trois fois par jours, l’été, mon petit frère Hubert (4 ans plus jeune que moi) mais surtout ma sœur Fleurette et mes cousines Hélène, Carmel, Marcelle, Nicole, Ginette… m’accompagnaient pour aller se balader en haut d’une grosse montagne qui borde le village. On y cueillait des fraises et des bleuets. Parfois, on allait aussi sur une autre montagne qui ceinturait l’autre bout du village pour aller explorer une mystérieuse grotte où le curé du village disait parfois la messe, attirant une bonne partie des habitants de Ville-Marie. 

 

Ville-Marie avait aussi une gare où le train nous reliait à Ottawa. Beaucoup d’anglophones venaient donc de l’Ontario et nous mettaient en contact avec la langue anglaise que je ne parlais pas très bien toute jeune mais que je comprenais. Ma mère et mon père étaient parfaitement bilingues; elle était née et avait été à l’école en Ontario alors que mon père était allé jusqu’à l’université à Ottawa. Quand ils ne voulaient pas qu’on les comprenne, ils parlaient anglais mais ce qu’ils ne savaient peut-être pas c’est qu’à la longue, on comprenait tout ce qu’ils disaient. On avait l’oreille faite à l’anglais.

 

Quand j’étais jeune, je parlais sur le bout de la langue; les plus vieilles de l’école venaient souvent s’amuser de mon défaut de langage et me demandaient de dire mon nom, Lise Tessier et de prononcer le mot saucisson; j’avais de la difficulté à prononcer ces « SSS » sans faire rire les filles. J’avais bon caractère car moi, j’étais contente de faire rire les plus vieilles de l’école. Au bout de trois mois de rigolades, je me suis rendu compte qu’elles riaient de moi et j’ai décidé de ne plus répondre et tout doucement, grâce à ma force de caractère, on a arrêté de rire de moi et j’ai cessé de parler en zézayant. Je pense à ça et j’en ri encore car je me souviens que je ne me laissais pas affecter par ça. J’avais confiance en moi et j’étais une première de classe. Quels beaux moments j’ai passés à Ville-Marie et quelles beautés j'ai pu admirer autour de moi. D’un côté les montagnes et de l’autre le très grand lac Témiscamingue, bordé de roches et un peu trop dangereux pour s’y baigner. Ce lac était traitre. Comme il y avait des montagnes qui entouraient le village, parfois, sans qu’on se rende compte du danger, des orages se formaient de l’autre côté des collines et créaient, par grands vents, de grosses vagues qui se formaient sur le lac. Si tu es sur le lac, et qu’un orage se prépare;  en moins de 5 minutes, tout peut changer et des vagues de 4 ou 5 pieds peuvent se former. Des drames se sont produits sur ce lac. Pour éviter le danger du grand lac, mon oncle, le mari de ma chère tante Flo, nous transportait souvent dans son autobus et on franchissait alors tous ensemble dans son long véhicule, mes cousines, ma sœur et moi, les 3 milles qui nous séparaient du lac Leclerc qu’on appelait le p’tit lac. On se baignait et on jouait à la tague et au drapeau sur la plage.  Puis on revenait toujours chez ma tante Flo.

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Mes aventures à bicyclette

 

J’ai tellement de beaux souvenirs de mon enfance. Mais, deux souvenirs reliés à mes deux premières expériences sur trois roues et sur deux roues, me reviennent toujours en mémoire. Des souvenirs qui me font rire aujourd’hui mais qui ont failli virer au drame.

 

Je vous raconte.

 

Chez ma tante Flo, il y avait beaucoup de bicyclettes.

 

D’abord, quand j’avais 3 ans, j’ai pris, sans le dire à personne un petit tricycle et je me suis mise à me balader sur cet engin pour la première fois de ma vie. Mon cousin Darcy, 3 ans lui aussi, m’a imitée. On a décidé de faire une course : on partait d’un coin de la cour, on devait faire le tour en partant chacun de notre côté et le premier qui revenait au point de départ allait gagner. On est arrivés en même temps et on s’est frappés face à face. J’ai perdu connaissance. Je me suis réveillée sur la table de cuisine et ma mère criait et hurlait, en craignant pour ma vie. Cela a été ma première expérience à vélo qui rime avec danger pour moi, même si ça me fait terriblement rire quand je repense à ça. J’ai bon caractère, comme je vous disais.


Plus tard, je devais avoir 7 ou 8 ans, j’étais encore chez ma tante Flo et là, j’ai décidé de tenter une nouvelle expérience en grimpant sur un bicycle à deux roues sans le dire à personne. Je me rappelais vaguement mon expérience en tricycle mais je me souvenais davantage d’avoir ri que d’avoir failli mourir. J’avais beaucoup regardé faire les autres et je me disais que j’allais être capable.  La seule chose que j’avais oublié d’observer c’est la manière de freiner. Je n’ai pas pensé qu’à un moment donné, j’allais devoir m’arrêter. Alors, sans le dire aux autres, pendant que tout le monde jouait autour de la maison, mon idée était faite et j’ai pris un vélo. Chez ma tante Flo, en sortant de sa cour, il y avait une petite descente. 

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La descente menait à un chemin de gravelle qui continuait à descendre. Rappelez-vous, ceux qui lisent ma petite histoire, que je n’avais pas appris à utiliser les freins et que le nouveau chemin que je rejoignais était de plus en plus en pente. J’ai essayé de serrer très fort mes poignées mais rien n’y faisait, je ne ralentissais pas.  J’avais les pieds figés sur les pédales et je n’ai jamais pensé qu’il me suffisait de pédaler à l’envers pour arrêter mon vélo qui accélérait de plus en plus. Je me suis rapidement retrouvé devant un embranchement où la route se divisait en trois. En face de moi, je pouvais voir au loin, la maison d'une gentille dame qu'on appelait mémère Major, à droite il y avait un pont qui me faisait un peu peur et à gauche la route dévalait la montagne sur laquelle la maison de ma tante Flo était juchée. J’étais si nerveuse de rouler si vite sur deux roues que je n’ai pas osé choisir de tourner le guidon vers la gauche ou la droite et je me suis donc dirigé directement vers l’entrée de cour et la maison de mémère Major qui était bordée d’une grande galerie. Je ne contrôlais plus rien et j’allais maintenant si vite que, pour éviter de me faire arracher la tête en fonçant sur la galerie, j’ai finalement tourné brusquement vers la droite où un superbe mais énorme arbre m’attendait à branches et à tronc ouverts. Je me suis alors arrêté d’un coup sec, le vélo continuant un peu son chemin et j’ai cru que mes os s’étaient tous fracassés en mille miettes. J’ai vu des étoiles, beaucoup d’étoiles. 

 

Mémère Major a entendu le vacarme que j’ai fait en embrassant son gros arbre préféré et elle s’est précipitée vers moi non pas pour me porter secours mais pour me passer tout un savon :

 

« Mon espèce d’effrontée, m’a-t-elle dit, tu veux détruire mon arbre? C’est moi qui l’ai planté, j’pensais jamais que tu m’ferais ça! »

 

Elle l’observait de tous bords tous côtés pendant que moi je ramassais le vélo et je remontais la côte en direction de chez ma tante en boitant. J’suis rentré chez ma tante Flo sans dire un mot et je me suis assise, essayant de garder le sourire mais souffrant le martyre. J’étais gênée de dire que j’avais frappé l’arbre et d’avoir peut-être brisé un vélo qui ne m’appartenait pas. Je suis restée assise longtemps tellement j’avais mal mais j’ai gardé un superbe sourire jusqu’à ce que je rejoigne mes cousines dehors, le souvenir de ma deuxième randonnée catastrophique en vélo bien imprégné dans mes os souffrants mais apparemment non cassés. J’avais vraiment du caractère et de la volonté car j’ai fait comme si de rien n’était, je ne boitais presque pas et je n’ai raconté mon histoire que beaucoup plus tard.

 

Ce n’est finalement que le vendredi soir suivant quand ma mère m’a donné mon bain qu’elle a vu que j’étais mauve à certains endroits tellement l’arbre avait gagné la bataille sur moi et mon vélo. 

 

« Qu’est-ce qui t’es arrivé? »

 

Ce n’est qu’à ce moment que j’ai raconté mon aventure en souffrant un peu quand ma mère me frottait les plaies avec du savon en me disant :

 

« Mais voyons Lise, pourquoi tu ne m’as pas raconté ça avant, on serait allées chez le docteur… »

 

Plus tard, mes parents m’ont acheté un vélo et là, enfin, ils m’ont montré comment freiner et comment survivre en faisant du vélo.

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Mes aventures un peu moins dangereuses en snowmobile

Très jeune, j’ai  aussi eu la chance de vivre des aventures extraordinaires en snowmobile, un petit autobus qui avance sur la neige sur des chenillettes. Mon cousin de 16 ans embarquait dans ce petit habitacle où il y avait un petit foyer pour se chauffer et des banquettes où moi et ses cousines nous entassions très serrées pour un voyage à travers champs glacés et enneigés qui nous menait à Fabre, 16 kilomètres plus loin comme par magie. De retour à l’école, j’impressionnais mes amies en racontant ces longues randonnées dont je me souviens avec grand bonheur tellement on riait et on s’amusait tous ensemble entassés bien au chaud pour des heures. Mais n’ayez crainte, le snowmobile n’a jamais foncé sur un arbre car mon cousin savait bien opérer les freins, lui. Ainsi, hiver comme été, sur les routes en vélo et sur la neige en hiver et en véhicule magique, j’ai vécu de merveilleuses aventures dans ma jeunesse qui continuent de me faire rire.

 

Note de la rédaction :

Après ces grands moments de joies de son enfance, la famillede Lise a déménagé à North-Bay, puis à Drummondville, avant de s’établir à Sorel puis à Montréal où Lise a élevé ses 4 enfants Denis, Line, Richard et Josée. Elle a mené une belle vie et elle aime beaucoup rire et raconter ses histoires du passé mais, toujours, sa petite enfance à Ville-Marie lui rappelle tant de beaux souvenirs qu’elle a voulu nous partager un peu de son enfance.  Merci Madame Lise.

 

 

Voici aussi ce que Rayan, un élève  de la classe de Madame Caroline Gagnon de l’école Les Quatre-Vents à Laval, a voulu nous partager de la vie de madame Lise.

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